Le filet et le Manche

par Marcel Dadi

Les filets

Avant de procéder à la découpe de la table d'harmonie, ses bords sont imprégnés d'un produit spécifique (sorte de vernis) qui va prévenir les craquements ou éclatements des veines du bois lors des différentes opérations. Les filets sont placés manuellement autour de la caisse. Pour les courbes prononcées (chancrure), l'opérateur s'aide d'un séchoir a main pour mieux travailler le Téflon.

Sur les modèles Custom Legend, 177 pièces d'abalone sont nécessaires pour le contour de la table. Leur emplacement est "réservé" au préalable par un filet de nylon qui est ensuite extrait manuellement après la pose de l'ensemble des filets. Une ouvrière spécialisée réalise chaque jour une quinzaine de filets en abalone.

Sur les Adamas, le filet unique de caisse est moulé. C'est lui qui reçoit la table et assure en même temps un rôle de transmission de ses vibrations à la caisse. Par sa flexibilité, il agit comme un véritable ressort à la lame.

Le Manche

Ovation offre trois configurations différentes de manches. Les modèles importés en provenance de Corée (Celebrity, Ultra Deluxe, Applause) ou du Japon (Pinnacle) ont un manche en une pièce fixé par collage au bloc en regard du talon. Les Balladeer ont un manche en deux pièces solidarisé à la caisse par des écrous en acier. Tous les autres modèles (sauf Adamas I) sont en cinq pièces et fixations par écrous. Le bloc du manche moulé fait partie intégrante de la caisse.

Six manches peuvent être fabriqués en même temps par une même machine en une vingtaine de minutes (si l'on réduisait le temps de cette opération, la finition serait moins bonne). Une machine entièrement dirigée par ordinateur va dorénavant prendre totalement en charge la fabrication des manches et ce, en trois tapes : découpe de la tête, découpe de la forme générale du manche, collage de la touche et finition.

Chaque étape tant bien entendu séparée par diverses interventions manuelles.

Avant l'existence du Kaman Bar (voir plus loin), la structure en cinq pièces servait a stabiliser le manche. Aujourd'hui, le principe en est conservé uniquement pour l'esthétique (c'est devenu un puissant paramètre d'identification). Les deux pièces principales sont en acajou. Leurs fibres sont mises en opposition pour renforcer le tout. Chaque opération de découpage du manche donne au bois une opportunité de bouger. Chaque étape doit donc être suivie d'une vérification et d'une remise à l'équerre. Chaque opération de finition sur la courbe du manche est vérifiée par un gabarit. La fixation du manche nécessite plusieurs opérations délicates. Deux fraises rectifient automatiquement l'angle du talon pour sa jonction avec la caisse, avant plusieurs interventions manuelles pour en assurer la précision. Le manche est solidarisé au bloc par des écrous. Seul le bout de la touche est fixé sur la table par de la colle. En cas de nécessité de remplacement du manche, il suffit de chauffer cette région pour désolidariser la touche avant de dévisser les écrous.

La tête fait un angle de sept degrés avec l'axe du manche. Cet angle, volontairement faible, diminue sensiblement les risques de cassures au niveau du sillet.